jeudi 1 septembre 2011

SÉQUELLE DE LA GUERRE FROIDE : L'EXPANSION DU SALAFISME SAOUDIEN




Le salafisme est un mouvement sunnite revendiquant un retour à l'islam des origines, fondé sur le Coran et la Sunna. Aujourd'hui, le terme désigne un mouvement composite fondamentaliste, constitué en particulier d'une mouvance traditionaliste et d'une mouvance jihadiste
Toutes ces mouvances affirment constituer la continuation sans changement de l'islam des premiers siècles. Leur rêve est de reformer le Grand Califat d’antan. 

Étymologiquement, «salafisme» (en arabe : السلفية as-salafiyya) provient du mot salaf, «prédécesseur» ou «ancêtre», qui désigne les compagnons du prophète de l'islam Mahomed et les deux générations qui leur succédèrent. Les salafistes interdisent toute remise en question de la chariâa (somme des exégèses) des deux premiers siècles de l'islam. Puisqu'elle est due aux "salafiyouns" (les prédécesseurs) que forment "Es'sahaba" (les compagnons du prophète) et les premiers califes, et de ce fait elle est sacralisée par les salafistes, pour qui elle est le prolongement du Coran. Donc immuable ! 

Le "jihad" en islam, a deux acceptions : 
- L'effort intellectuel. Ce qui correspond à l’exégèse du texte coranique; et 
- La lutte ou la guerre sainte. 

Pour les salafistes "jihadiste", le «jihad» s'entend par «guerre d’expansion» pour diffuser l'islam de la mouvance wahhabite, dont il faut se rappeler le deal passé entre le fondateur du wahhabisme et le chef guerrier de la tribu Ibn Séoud : l'un reconnaissant le pouvoir temporel à l'autre, charge à celui-ci de diffuser le wahhabisme dans le monde, plus exactement le "wahhabisme saoudien". Car cette doctrine est basée sur cette alliance entre le pouvoir politique et financier des Ibn Saoud et l'autorité religieuse de Mouhammad Ibn Abd al-Wahhab. 

Doctrine qui perdure encore par le financement des guerres de libération des peuples, des écoles coraniques et des universités religieuses à travers le monde entier. Mais aussi par le financement de plusieurs chaînes de TV religieuses et par la formation de "cheikh" (prêcheur), aussi bien en Orient qu'en Occident ; sans parler du financement des mosquées partout dans le monde. 

C’était sur des tribus guerrières et farouches d'Arabie que s’était appuyé Thomas Edward Lawrence, alias Lawrence d’Arabie en jouant de leur fanatisme religieux wahhabite, lors du démantèlement de l’empire Ottoman que vont se partager les empires coloniaux anglais et français. Même le mouvement des «Frères Musulmans», s’inspirera du salafisme wahhabite, plus «combatif» à leurs yeux, pour libérer les pays colonisés par les Anglais et les Français.

A la faveur de la guerre froide, le salafisme sera «réactivé» et donnera l’occasion à ses adeptes de tenter à nouveau de réaliser leur vieux rêve : la reconstitution du Grand Califat de l’âge d’or Omeyade, englobant les pays musulmans et bien au-delà. Comme elle sera l’occasion pour Ibn Séoud de donner des gages aux religieux wahhabites pour respecter le deal passé entre leur tribu et celle d’Ibn el Wahhab. 

En effet pendant la guerre froide, après l’invasion de l’Afghanistan par l’URSS, les américains n’ont rien trouvé de mieux que de jouer la carte des «religieux» pour chasser les russes de ce pays. Ce qu’ils feront avec l’aide des saoudiens qui trouveront là une opportunité d’ «occuper» les religieux wahhabites hors du royaume saoudien, où leur revendications incessantes commencent à exaspérer le monarque saoudien. 

Les saoudiens financeront les écoles coraniques et fourniront les cheikhs pour les animer ; les américains se chargeront de la formation aux techniques de la guerre, des talibans sortis de ces écoles ; et les armeront pour le «jihad» contre les mécréants «athées», que sont les communistes soviétiques. 

Ces écoles pousseront comme des champignons aussi bien au Pakistan qu’en Afghanistan, pour former les talibans pour le jihad armé, afin de débouter les mécréants hors des pays musulmans. 

Etre taliban, ou étudiant dans une université religieuse, suppose une formation universitaire englobant des études religieuses mais aussi littéraire, philosophique, historiques…. Sauf que le terme est galvaudé par les médias occidentaux pour désigner en réalité des élèves formés sommairement dans des écoles coraniques de quartier dirigées par de pseudo imams ; eux-mêmes d’un niveau intellectuel sommaire, réduit souvent à la récitation du coran et à  l’apprentissage rudimentaire de la chariâa. 
Et c’est ainsi que le Pakistan, basculera en 1977 du hanafisme, l'école la plus libérale, au hanbalisme, dans sa version la plus rigoureuse et la plus radicale de toutes les obédiences musulmanes, c'est à dire le salafisme saoudien ; pour devenir un pays exportateurs de terroristes. 

Les talibans finiront par débouter les russes hors de l’Afghanistan. Leur mission terminée, les américains vont les abandonner à leur sort. Certains désœuvrés vont regagner leurs pays d’origine où ils importeront le terrorisme auquel ils ont été bien formés (Algérie….). 

Le gros de l’armée des talibans « orphelins » va se trouver un nouveau chef en la personne de Ben Laden. Ce saoudien élevé dans le wahhabisme, va utiliser leurs compétences et poursuivre ainsi le rêve des salafistes. Ainsi la branche armée salafiste voit le jour sous le nom d’Al Qaida (La Base) avec à sa tête l’émir Oussama Ben Laden. 

Il va exporter leur savoir faire dans de nombreux pays musulmans, et retour à l’envoyeur, dans l’Arabie Saoudite, pour débouter hors des terres saintes de l’Islam le grand Satan américain qui a des bases militaires dans ce pays. (Attentat contre les navires américains en rade dans les ports saoudiens). 

Et depuis, Al Qaida est devenue l’ennemie de l’Occident mais aussi de l’Orient puisque par la violence, elle veut convertir au salafisme saoudien, tous les « mauvais musulmans » qu’elle qualifie de mécréants, parce qu’ils suivent d’autre obédience, autre que le salafisme saoudien : c’est à dire le wahhabisme. Ce mouvement armé va se répandre dans beaucoup de pays musulmans : Soudan, Somalie…. où les talibans seront désignés par «chabab», mais guère plus cultivés que les talibans. 

Son but final, sera d’éradiquer tous les mécréants et de répandre le wahhabisme partout pour l’avènement enfin du Grand Califat avec à sa tête le Gardien des lieux saints de l’islam : le roi Ibn Séoud auréolé du titre « Amir El Moumnin », Commandeur des croyants. 

Et voilà comment la guerre froide sera à l’origine de cette monstruosité qu’est Al Qaida comme elle sera à l'origine de l'expansion du wahhabisme par le terrorisme, parce que les apprentis sorciers américains ont exploité l’obscurantisme des salafistes saoudiens à des fins politiques. 

Si Al Qaida s’est attaquée ponctuellement à l’Occident, ce sont surtout les peuples musulmans qui subiront dramatiquement leur présence sur leur territoire et payeront le plus lourd tribut à leurs exactions (les algériens en savent quelque chose) ! 


Le drame des musulmans, c'est que l'obédience la plus rétrograde et la plus violente (puisqu'elle veut s'imposer par la violence), est appuyée et soutenue par la monarchie la plus riche du monde musulman, grâce aux pétrodollars. Profitant des révoltes des peuples arabophones, l’Arabie Saoudite essaye de placer ses pions en la personne de certains hommes politiques qu’elle soutient et finance pour instaurer un régime islamiste en remplacement des régimes contestés, pour qu’ils convertissent ces peuples à l’obédience salafiste-saoudienne du futur grand Calife de l’Islam.
Faisant d’une pierre deux coup : l’hégémonie politique saoudienne sur les pays musulmans et le prosélytisme au wahhabisme pour respecter le deal passé entre Mohamed Ibn Abd el-Wahhab et l’ancêtre du roi Ibn Séoud.
Le roi Ibn Saoud fait tout son possible pour faire avorter les révolutions Tunisienne et Egyptienne en s’appuyant et en finançant Ennahdha en Tunisie mais aussi les Frères Musulmans d’Egypte. Car à tort ou à raison l’installation d’une démocratie dans ces pays, signera pour lui le début de la fin des monarchies arabes et donc de la sienne.

Ces islamistes avancent comme argument l’échec des régimes laïcs arrivés au pouvoir au lendemain de la décolonisation. Car les leaders qui ont libéré leur peuple ont fini par se prendre pour les pères de la nation. Leur ego démesuré les a fait dévier vers la dictature. Dictature que ceux qui prendront leur relève voulaient pérenniser, sauf qu’ils n’étaient pas auréolés de la «légitimité» de leur prédécesseur. Ils instaureront à leur tour un régime de dictature policière encore plus perverse, sous couvert de rempart à l’islamisme devenus la hantise de l’Occident. Raison pour laquelle les gouvernements occidentaux fermeront les yeux sur les atteintes aux « droits de l’homme » par les dictateurs qu’ils soutiennent.

Faut-il pour autant passer par la case "islamistes" pour pallier aux défaillances des dictateurs "laïcs" ? Ne pourrons-nous tirer les leçons des pays qui ont déjà expérimentés la théocratie : Iran, Pakistan, Afghanistan, Soudan, Somalie... sans parler des pays du Golfe ?
Serait-ce une fatalité pour ces peuples de passer par la  case « islamiste », comme d’autre auront subi le communisme pour réaliser 70 ans après que ce n’était qu’une utopie ?

La Tunisie mérite mieux que ces aventuriers passéistes pour la plonger dans l’obscurantisme où se trouvent les peuples des pays sous régime islamiste et théocratique !
Ghannouchi n’est animé que par sa revanche à prendre sur Ben Ali et Bourguiba. Il ne cesse de dire ses ressentiments envers Ben Ali qui l’avait persécuté. Ce dont il tire une «légitimité» qu’il rappelle comme un leitmotiv comme si tout un pays doit être l’exutoire de ses ressentiments envers Ben Ali ! N’hésitant pas pour cela, à précipiter la Tunisie dans un salafisme saoudien.
Les tunisiens accepteront-ils d’être toujours pris en otage par les idéologues ?
Voici ce qu’en dit le premier ministre Béji Caid Essebsi, en réplique à la boutade de Ghannouchi qui dit être sorti d’une boîte d’archive, pour rappeler le lien qu’il avait avec le régime de Ben Ali : « Je suis certes sorti des archives, mais Rached Ghannouchi aussi. On n’était juste pas dans la même boîte».  

Mais comment résister au pouvoir de l'argent ? 
Pourtant il faut résister à l’hégémonie de l’Arabie Saoudite et au salafisme saoudien ! 
Car ce qui est arrivé au Pakistan, peut arriver aussi en Tunisie si les tunisiens ne résistent pas au salafisme saoudien envahissant qui cherche à effacer leur malékisme traditionnel !

A moins que les EU d’Amérique n’aient changé de stratégie envers les pays appartenant au monde dit «arabo-musulman». (Le discours du Caire).
En effet, après avoir réveiller la bête (le wahhabisme) qui sommeillait en Arabie Saoudite pour l’utiliser contre l’ex URSS, et devant le terrorisme qu’engendreront ces apprenti-sorciers ; les américains, devant la vague du terrorisme islamiste et devant leur impuissance à le juguler, auraient-ils fini par le reconnaître et traiter avec ses chefs ? En somme, la paix pour l’Occident, contre l’acceptation d’une prise du pouvoir par les islamistes dans les pays musulmans ? En d’autres termes «permettre l’émergence des religieux» pour les arabes contre le Pétrole pour l’Occident. Acceptant une fois de plus que ces peuples soient soumis à des régimes autoritaires, et que les révolutions arabes n’aient d’autres choix que de remplacer une dictature par une autre.
Et que deviennent leurs beaux discours sur le désir de démocratie de ces peuples en révolte ?
Une fois de plus la real politik prendra le dessus, et tant pis pour les martyrs des révolutions du printemps arabe.

Ce qu’ignore peut-être l’Oncle Sam, c’est que les salafistes accepteront cette solution provisoirement, comme ils l’ont acceptée pour collaborer avec lui pour libérer l’Afghanistan, en attendant de se préparer à la revendication d’après : «l’islamisation de l’Occident» de gré ou de force, après la conversion du monde musulman au salafisme saoudien.

Est-ce que l’Occident va rééditer la première erreur quand il aidait au maintien des dictateurs laïcs des républiques arabophones, qui le préserveraient des islamistes ; en aidant cette fois-ci à l’arrivée au pouvoir les partis islamistes dont ils ne voulaient pas avant le printemps arabe ?

Les peuples arabophones et musulmans, qui héroïquement veulent se libérer, se battraient-ils enfin de compte contre Goliath l’américain ? Toutes ces révolutions du printemps arabe, sont-elles vouées à l’échec pour préserver les intérêts des américains qui leur permettront tout au plus de changer de dictateur ?
Après l’expérience des dictateurs laïcs, leur proposeraient-ils des dictateurs religieux ? Car il est plus facile de faire des affaires avec des dictateurs qu’avec des régimes démocratiques.

Les jeux seraient-ils pipés une fois de plus  pour ce monde dit «arabo musulman» ?
Obama trahira-t-il ces peuples qui ont tant espéré de lui ? Il a pourtant trahit les palestiniens en leur opposant son veto pour la création de leur Etat ! Pourquoi se gênerait-il avec les autres.

Donc, aux peuples de prendre leur destinée en main !
Aux tunisiens d’exprimer massivement leur désir de démocratie par un « vote utile » au cas où ils n’auront pas encore fait leur choix.

Rachid Barnat 



1 commentaire:

  1. Hillary Clinton reconnaît le rôle joué par Reagan dans la création d'Al Qaida.

    http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=Osc2o5Vs4Z8

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