Dés la chute et le départ de Ben Ali et jusqu’aux élections du 23 octobre 2011, la parole s’étant complètement libérée, on a assisté au sein de la société tunisienne à un grand nombre de débats dans une grande effervescence intellectuelle. Ces débats ont démarrés dans une certaine confusion, dans un certain désordre et cela était inévitable après plus de cinquante ans d’absence de tout réel débat politique. En effet si le Président Bourguiba, véritable chef d’Etat, a permis de faire entrer la Tunisie dans la modernité, il s’est refusé tout au long de sa vie d’accorder à son peuple la liberté politique.
D’ailleurs parmi les débats qui ont agité les tunisiens, l’un des premiers a été consacré au Président Bourguiba, à l’inventaire de cette période et avec le temps écoulé il a été possible de faire le point. Les Tunisiens avaient été choqués de la façon dont Ben Ali les avait privés d’un véritable hommage à leur ancien président au moment de son décès et, d’une certaine manière, célébrer Bourguiba était aussi une façon de rejeter Ben Ali. Il est résulté assez clairement de ce débat, qu’il fallait créditer Bourguiba pour la formation et l’instruction qu’il avait données à son peuple et au statut de la femme, situation unique dans le monde arabe. Mais la partie négative de sa politique était clairement l’absence de liberté politique, d’alternance au pouvoir, le maintient d’une presse servile et l’utilisation de méthode policière contestable. Après cette nécessaire mise au point les tunisiens passèrent à autre chose, aux problèmes du jour.
Après la confusion du départ, petit à petit, mais rapidement, les idées se sont mises en place, les convictions se sont affermies et nourries ; et ces débats ont été véritablement intéressants, constructifs et ont permis a beaucoup de tunisiens de se forger une conscience politique et de bien mesurer les enjeux considérables de la révolution, les valeurs qu’ils souhaitaient pour la Tunisie de demain.
Pendant que le pays était confronté à une crise économique et alors que l’emploi avait été une des causes de la révolte, les débats ont surtout tournés autour des questions d’identité, de la place de la religion et de quelle religion. Les réseaux sociaux et notamment Facebook ont été abondamment remplis de ces thèmes. L’on peut d’ailleurs dire que Facebook qui était jusqu’à la révolution un outil ludique sur lequel, les jeunes essentiellement, fournissaient des renseignements sur leur vie de jeunes, est devenu un outil de discussion politique presque exclusivement, démontrant l’intérêt des jeunes et des moins jeunes pour ce grand débat.
Même si on peut déplorer que les aspects du développement économique aient été laissés un peu de côté, il faut admettre que les débats sur les grandes valeurs de la société étaient nécessaires puisque, dans le fond ces valeurs allaient conditionner tout le reste et qu’il était légitime de se demander d’abord quel genre de société les tunisiens souhaitaient.
Par ailleurs la présence pour la première fois de partis islamistes qui a accaparé la scène politique et médiatique avec ses discours religieux, justifiait que parmi les premières questions à régler il y ait celle de la place de la religion dans la nouvelle société.
Mais il faut espérer que le débat dépassera cette question introduite par des opportunistes, pour s'atteler aux revendications premières de ceux qui se sont sacrifiés pour la révolution tunisienne, c'est à dire : LIBERTÉ, DIGNITÉ et TRAVAIL !
Excellente initiative en cette période capitale. Je suis devenu membre de ce blog.
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