Est-ce licite ou illicite ? Telle est la grande question que les islamistes ont fini par mettre dans la tête des Tunisiens, à laquelle ils ont réduit tout débat pré-électoral, les détournant des revendications initiales de la révolte du 14 janvier.
La question elle-même prend son origine dans des émissions TV religieuses, dont l’Arabie saoudite inonde le monde arabophone, pour endormir les peuples et les détourner de leurs vrais problèmes.
Emissions animées par de pseudo cheikhs dont la «starisation» en fait de riches millionnaires, et dont le but est d’abrutir les téléspectateurs en les abreuvant de «conseils» sur leur vie quotidienne, pour la conformer à la chariâa afin de distinguer entre le «haram» (l’illicite) et le «halal» (le licite) dans tous leurs actes.
Une source du salafisme: le wahhabisme saoudien Le but ultime de ces émissions est de soumettre les téléspectateurs musulmans à une seule vision de l’islam : celle que prône le monarque saoudien, le Wahhabisme, d’étendre l’hégémonie de l’Arabie saoudite sur ces peuples et de faire de son monarque le Calife de tous les musulmans.
Car selon les salafistes, le chef d’Etat détient sa légitimité du fait qu’il soit le gardien des lieux saints de l’islam (La Mecque et Médine), ce qui en fait aussi le chef spirituel des musulmans du monde entier.
Cette légitimité lui est garantie par les salafistes, car toute contestation du pouvoir du Calife, selon eux, est assimilée à la «fitna» (discorde), qui est sacrilège et punissable comme tel par la chariâa qui tient lieu d’unique code juridique.
C’est le mariage du Grand Saoud, un chef guerrier de la tribu des Ibn Séoud, avec une fille de la tribu de Mohamed ibn Abdelwahab, qui sera l’occasion d’instituer le dogme du salafisme rigoriste dans sa version wahhabite, dans tout le royaume d’Arabie.
Ce mariage se traduira d’ailleurs par un drapeau commun, mariant l’emblème de la tribu d’Abdelwahab: la «chahada» (profession de foi), à celui de la tribu des Ibn Séoud: le sabre.
L’Arabie saoudite est le seul pays au monde à avoir le nom d’une tribu : les Al Saoud ou Séoud. Il faut rappeler qu’Ibn Séoud le Grand était un guerrier et non un religieux. Mais depuis que les wahhabites ont décidé de faire du chef de cette tribu, le Grand Calife des musulmans, celui-ci a le désir ou plutôt le «devoir» d’hégémonie de l’Arabie saoudite sur les pays musulmans qu’il finance royalement en faisant du prosélytisme wahhabite pour respecter le deal conclu entre les deux tribus : celle des wahhabites et celle de la famille régnante Ibn Séoud.
Or l’histoire de cette monarchie nous apprend que l’Arabie des Séoud a été créée en 1932 grâce aux Etats-Unis juste avant la seconde guerre mondiale. Contre la promesse de protection de l’Arabie par les Américains, selon les accords de Quency, les Saoudiens leur ont permis d’y installer une base militaire et d’exploiter le pétrole avec la création de l’Aramco.
Par ailleurs, le Colonel Philby, sujet de la couronne britannique et espion du Foreign Office de Bombay, a aidé Ibn Séoud à chasser le Cherif Hussein de la Mecque pour s’emparer de la côte ouest de la Péninsule Arabique qui s’appelait alors le Royaume du Hedjaz. Or, Hussein Ibn Aly est de la tribu Hachémite dont était issu le prophète, ce qui lui donnait une légitimité de gardien des lieux saints, d’où son titre «chérif» titre de noblesse réservé uniquement aux membres de la tribu du prophète.
Et voilà comment cette famille de Séoud, installée par les Américains et les Anglais se retrouve «légitimée» par les salafistes wahhabites qui voudraient faire de son chef le Grand Calife de tous les musulmans !
La foi des Tunisiens et leur tenue vestimentaire Inondés par des émissions religieuses grâce aux paraboles, l’effet dévastateur sur les peuples est dramatique : une léthargie endémique doublée d’un obscurantisme grave qui se répand insidieusement parmi eux. Avec une absence totale de vie culturelle et intellectuelle digne de ce nom et autrement plus utile pour ces peuples.
Les convertis au salafisme en Tunisie, comme le mouvement politique Ennahdha, arrivent sur un terrain déjà imprégné par ces émissions religieuses. Ils accaparent la scène politique, médiatique et publique pour mobiliser tout le monde et le faire disserter sur la foi des Tunisiens et sur la tenue vestimentaire des tunisiennes !
Ils détournent les Tunisiens des revendications des martyrs de la révolution : «Dignité, liberté et travail»; pour leur voler leur révolution en substituant la religion aux revendications premières, afin de les convertir à l’obédience wahhabite et soumettre la Tunisie à l’hégémonie saoudienne.
Alors que, traditionnellement, les Tunisiens sont d’obédience malékite, connue pour sa tolérance, son ouverture et l’absence d’ostentation de leur foi et qui fait d’eux un peuple pacifiste.
Autrement, qui peut croire que subitement tous les Tunisiens soient devenus bigots du jour au lendemain pour exhiber leur foi de manière ostentatoire comme le font les wahhabites? Ce n’est que par la terreur que les salafistes les obligent à se déguiser en «Arabes du Golfe»: sous peine d’être lacérées ou vitriolées, pour les femmes, sous l’intimidation et le chantage au fric pour les hommes pour qu’ils se laissent pousser la barbe, s’habillent à la saoudienne et portent le sceau du pieux prieur au front…
Si la police et la justice faisaient leur travail, les Tunisiens se sentant en sécurité, n’auraient jamais cédé à ce nouveau type de violence de la part des salafistes.
Le gouvernement se rend-il complice des partis religieux qui ne cessent d’enfreindre la loi depuis leur légalisation?
Il est curieux que le roi d’Arabie saoudite héberge à la fois Ben Ali et finance Ghannouchi.
Est-ce à dire qu’il y a un lien entre ces deux là, voir des accords avec le roi qui tire les ficelles de l’un et de l’autre pour mieux mettre la main sur notre pays?
Rachid Barnat
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